Création lucensoise pour les 10 ans de Graines de foot

C?est en l?an 2000 que germe dans l?esprit de Georges Guinand, instituteur à Lucens, l?idée d?organiser un tournoi de football à l?échelle cantonale. Président de la commission juniors de l?Association cantonale vaudoise de football, il souhaite mettre sur pied une manifestation réservée aux enfants.

«C?est grâce au soutien de Nathalie Panchaud, à l?époque responsable du marketing à24 heures,que j?ai pu réaliser mon projet» se souvient Georges Guinand. Il ajoute que dix ans après la création du mouvement, l?objectif reste «la promotion du football chez les jeunes, tout en leur offrant du plaisir à jouer leur «Mundialito». Un état d?esprit qui n?exclut pas la détection de nouveaux talents.

Budget de 100 000 francs

La première édition a lieu en 2001 et elle ne concerne que la catégorie des juniors E. En 2004, les juniors D participent pour la première fois à Graines de foot.

L?édition 2008 s?ouvre également aux juniors F et aux personnes en situation de handicap mental.

En 2010, ce ne sont pas moins de 7500 jeunes footballeurs de 8 à 13 ans qui participent à cette grande fête du football organisée à leur intention. Pour chaque édition, le budget nécessaire au financement des t-shirts, coupes, ballons de matches et médailles s?élève à 100 000 francs. «C?est grâce au soutien de dix-huit partenaires que Graines de foot peut exister et se développer», précise le fondateur du mouvement.

10 000  t-shirts

Architecte à Lucens, Jean-Daniel Liechti pratique à temps perdu (il en a trop peu!) l?art du dessin et de la caricature. Avec finesse et un sens de l?observation affûté, il met en situation des personnages issus de son imagination, qu?il a fertile.

C?est donc tout naturellement que Georges Guinand s?est approché de son pote, à l?heure de créer un motif destiné à habiller les t-shirts et les affiches du 10eanniversaire deGraines de foot. «On se connaît depuis une trentaine d?années, époque à laquelle nous habitions dans le même immeuble» explique l?architecte. Il ajoute avoir dessiné en son temps le motif du faire-part de naissance d?un fils de Georges et Martine Guinand. Il s?en est inspiré pour illustrer l?énergique coup de pied qui fait exploser le ballon en feu d?artifice.

Un motif né de la souriante complicité entre les deux Lucensois, et qu?on retrouvera donc sur les 10 000   t-shirts qu?arboreront les jeunes footballeurs ce week-end

Un message clair

Georges Guinand précise enfin que la Licra (ligue contre le racisme) est un partenaire apprécié deGraines de foot. Dans le dernier Flash Foot Juniors, l?organe de la commission des juniors de l?ACVF, le président Dominique Blanc prend clairement position sur le sujet.

Il écrit notamment: «L?éducation, voilà la meilleure clé pour lutter contre les peurs, les apriorismes, l?ignorance, les fausses croyances, le manque de respect. On est dans le domaine des éducateurs, des entraîneurs et leur rôle est déterminant car ils ont les jeunes au moment où se forment les codes comportementaux. Leur message doit être clair: Nous ne connaissons qu?une seule langue, celle du football. Nous ne connaissons que la couleur des maillots. Nous ne connaissons qu?un passeport: la licence ASF. Nous ne connaissons qu?un chant: celui de la victoire sportive. Car nous sommes tous membres de la même famille: celle du football?»

Le Kartel veut faire son trou chez La Fouine

Paré de leur musique et de son ambition rassembleuse, ainsi qu?une mixtape (une compilation de chansons enregistrées dans un ordre bien défini) gracieusement proposée sur leur site, Le Kartel est paré pour la conquête du monde. Attention à la tornade! Mathieu Pochon (alias Laron), Liridon Tosuni (alias Doni), Besfort Ahmetaj (alias B. C) et Faruk Ramqaj (alias LeRukFa), quatre potes de Montet, de Payerne et de Domdidier, une bande de joyeux lurons soudés, qui ont la fâcheuse propension à lâcher des titres rap, bien en phase avec son époque, à l?instar de l?enflamméBlue Sky. Interview.

- Quelle est l?histoire de votre groupe?

- (Faruk) En fait, nous étions chacun de notre côté. Dès mes 12 ans, j?ai commencé à faire un peu de rap. C?est en débutant le GYB, il y a trois ans, que j?ai rencontré Besfort. Nous y avons échangé nos textes et commencé à collaborer ensemble.

- (Besfort) Un copain a également voulu que l?on chante sur une de ses instrumentations avec Mathieu. Le but n?était de faire que ce seul titre, intituléLe bordel, mais tout s?est très bien passé. Alors on a décidé de poursuivre l?aventure ensemble et de faire nos morceaux. Et le groupe est né le 24   novembre 2007.

- Comment avez-vous évolué?

- (Faruk) En fait, au départ nous nous sommes réunis pour faire un seul son. Et, il a pris une ampleur pas possible, il a navigué dans toute la région, jusqu?à Montreux, Vevey ou Neuchâtel. On a vu que les gens écoutaient et nous en avons eu de très bons retours. On était encore jeunes, j?avais 17 ans à l?époque, et le public a pu voir qu?il y avait des jeunes qui faisaient des bons trucs.

Quelque temps plus tard, lorsque nous avons fait la première partie de Poing Final, au Silver à Payerne, nous avons remarqué que beaucoup de spectateurs étaient venus pour nous. Par la suite, nous avons donné un autre concert, surtout pour rigoler et nous présenter, dans un bar de Payerne, et là, c?était juste plein. Des gens attendaient dehors. Là, on s?est dit, bon les gars, il faut qu?on se lance dans un projet plus sérieux, pour dépasser les frontières de la Broye.

- Et maintenant, comment se passe l?entente entre vous?

- (Faruk) Au début, lorsque l?on ne se connaissait pas, on ne se regardait pas trop. Et, depuis la formation du groupe, on se voit tous les jours. On est tout le temps ensemble, une vraie famille (rires).

- Et pour la production de nouveaux morceaux, comment vous y prenez-vous?

- (Faruk) Chacun écrit ses textes, mais les refrains sont composés en commun. Même si, dans certains passages, seuls Bes (ndlr Besfort) ou Doni (ndlr Liridon) chantent, on les pense tous ensemble.

- (Besfort) Et, après on regarde lequel a la voix qui s?accorde le mieux à l?instrumentation.

- (Faruk) Mais, on ne rédige pas tout le temps nos textes en groupe. Lorsque c?est plus personnel, on le fait chacun de notre côté.

- Souhaitez-vous jouer le rôle de haut-parleur pour relayer le mal-être vécu par les jeunes?

- (Faruk) Les thèmes que l?on aborde concernent la société dans laquelle on vit. On ne va pas faire comme en France en se mêlant de la politique, de la misère, des HLM. On ne peut pas raconter ça, car on ne le vit pas. Alors, comme le raconteBlue Sky, on veut montrer que l?on vit tous sous le même ciel, que l?on est tous égaux, peut importe notre couleur ou nos origines. Ce qui est notre manière penser.

- Pourquoi avoir misé sur la gratuité pour distribuer vos sons?

- (Faruk) Notre volonté est surtout de nous forger un nom, au niveau broyard. En fait, notre public est assez jeune et ils n?ont pas forcément les moyens pour mettre 15 francs pour un disque. Et nous n?avons pas encore la renommée pour. C?est plus une carte de visite.

- Pourquoi avoir choisi cette thématique cinéma?

- (Liridon) De choisir des noms de films nous permet de rester toujours dans la même idée de bande originale et de cinéma, comme on peut le voir sur la pochette. Chaque film représente un peu nos vies.

- Vous devez avoir la pêche pour la suite!

- (Faruk) On se disait l?autre jour: tous les retours qu?on a, ça a pas de prix. Et surtout, on compte sur notre passage à Paris, durant l?été, dans les studios de La Fouine, pour réaliser quelques morceaux, en vue de notre prochaine mixtape.

La mixtape Bande originale est disponible en téléchargement libre sur www.lekartel.ch.

La Grande-Cariçaie pour les nuls

Sur un budget total de 1,6   million de francs, le Groupe d?étude et de gestion de la Grande-Cariçaie (GEG), bénéficie d?un subventionnement de l?ordre de 80% par la Confédération et du reste par les cantons de Vaud et Fribourg. Il possède trois missions en particulier: il est chargé «des travaux d?entretien des marais non boisés, d?une relative surveillance (voir ci-dessous) et d?un suivi scientifique». Enfin, l?équipe du GEG s?occupe aussi de l?accueil et de l?information du public dans les réserves naturelles. De plus, le groupe «travaille en étroite collaboration avec les services cantonaux», selon son directeur Michel Antoniazza.

Deux types de primauté

La priorité pour le GEG reste certains habitats tels que les roselières, les prairies marécageuses, les forêts riveraines, 33 espèces de plantes (rares à l?échelle nationale et menacées par l?activité humaine) et 77 espèces animales. Le directeur donne le ton: «Nous devons être très attentifs car il est de notre responsabilité d?assurer la conservation de toutes ces espèces». La protection du castor en est un illustre exemple. Pour le GEG, il y a deux degrés de priorités: la première catégorie oblige l?équipe à être particulièrement vigilante parce que «les mesures traditionnelles peuvent porter atteinte aux espèces». La deuxième catégorie concerne les mesures traditionnelles de conservation «qui se limitent à un suivi scientifique régulier».

Intervention nécessaire

Pour ce faire, un plan de gestion portant sur la période 2007-2011, est mis en place pour l?entretien des six réserves entre Yverdon et Cudrefin. Historiquement, le plan de gestion se base sur des expériences acquises depuis 1982 et renouvelé tous les 4 ans. Pierre Alfter, ingénieur forestier et responsable des travaux de gestion, précise que le GEG «doit avant tout servir les buts de protection et préserver les milieux ouverts». A certains endroits, la forêt «avance» sur les marais et si personne n?intervenait, les marais (ainsi que bon nombre d?espèces) tendraient à disparaître sous l?effet «colonialiste» de la forêt. Michel Antoniazza affirme que «si rien n?est entrepris pour retenir les forêts, les trois quarts des marais disparaîtraient en une vingtaine d?années seulement». Heureusement, il existe différentes méthodes de conservation et d?entretien utilisées par le GEG: le fauchage mécanique est requis dans des milieux relativement peu portants et représente chaque année environ 70 hectares de végétations. Vient ensuite le broyage mécanique, appliqué «dans les endroits ou les grosses faucheuses mécaniques n?ont plus l?accès (clairière forestière)», poursuit l?ingénieur. Le débroussaillage manuel est également utilisé par des équipes sur le terrain, mélangeant généralement des professionnels et des bénévoles: «Une personne à temps plein, accompagnée de stagiaires, débroussaillent entre 3 et 4 hectares par année», souligne Pierre Alfter. Autre technique, le décapage: il s?agit, dans un milieu comme la roselière, de la remettre à son niveau initial, (moins d?un hectare par année).

Respect des cycles et continuité

Tous ces travaux se font en hiver et doivent être terminés avant la mi-mars. En effet, la période allant du 15   mars au 15   août est sacrée car «elle signifie le cycle de reproduction des espèces qu?il faut éviter à tout prix de perturber». En 2012, un nouveau plan de gestion amélioré verra le jour, promet M.   Antoniazza. Le GEG entend continuer sa collaboration avec les communes «pour ce qui est de l?entretien et du nettoyage des réserves». L?ingénieur Alfter ajoute que «le GEG organise des excursions sur demande, avec différents thèmes d?approche».

Sylvain Hirschi, peintre nomade du Vully

A priori, lorsqu?on arrive chez Sylvain Hirschi, assis en tailleur à côté de sa tente, son carnet d?esquisses à la main, en train de tirer les lignes d?un paysage de bord de lac, on a envie de le plaindre.

Non pas que notre homme à la fine barbe châtain, aux cheveux attachés en queue-de-cheval tressée, suscite la compassion, loin de là, mais on a peine à imaginer que de nos jours, on puisse vivre cette vie d?ascète et de nomade.

Car cette vie, Sylvain Hirschi l?a choisie parce qu?elle correspond à son idéal de rester proche de la nature, solitaire tout en vivant modestement de son talent d?artiste peintre sensible, curieux et ouvert à tout ce qui le passionne.

Né à Berne il y a une cinquantaine d?années, dans une famille aisée comptant quatre garçons, il est tombé tout petit sous le charme du Vully et des bords du lac de Morat. Enfant, la famille venait passer ses vacances à Salavaux, d?où cette attirance tenace. Lorsque Sylvain Hirschi a seize ans, c?est l?époque hippie, l?émergence de la culture indienne, les rêves de voyages pour les ados, la liberté. «Vous imaginez bien qu?à cette époque, pris dans le mouvement, on n?a surtout pas envie de travailler dans un cadre rigide qui nous conduirait jusqu?à 65 ans, comme dans des rails», explique tranquillement le quinquagénaire de sa voix aussi douce que son regard, teintée d?un accent traînant.

Un vélo et des pinceaux

Rien d?étonnant dès lors dans son choix de se débrouiller et de vivre seul, avec son vélo, sa boîte de couleurs et ses pinceaux pour compagnons. Il aime les vieux avions, les vieilles pierres et la nature et revient dans la région, à Faoug et Avenches, notamment. Il vit de commandes privées, de travaux de décorations et de peintures murales de grand format, de peintures de sports.

Il apprécie la douceur des paysages et voyage aux Etats-Unis, toujours à vélo, en Italie et au Tessin. Il vit deux ans dans un tipi indien, un an dans une grotte avant d?acquérir la tente qu?il occupe aujourd?hui et lui sert de maison, d?atelier et de galerie d?exposition.

L?intérieur de sa tente est ordré, le soleil et la lune jouent avec les arbres et laissent des ombres chinoises sur la toile, véritable décor naturel. Au centre, un poêle à bois avec la réserve bien rangée, une chaise, un sac de couchage et, sur le pourtour de cette maison de toile, les ?uvres de Sylvain Hirschi, avec des paysages lacustres ou de montagnes, des arbres et la nature, des avions anciens, des peintures cosmiques rondes et, ses récentes réalisations, un triptyque de grandes dimensions de l?Oberland bernois, son deuxième lieu de vie de prédilection, la chute du Staubbach, à Lauterbrunnen, l?Eiger et la Jungfrau. Des toiles qui sont exposées actuellement dans la vitrine du magasinLes Deux, Schlossgasse 12, à Morat, chez André Lüthi, tél. 079 218 77 22.

C?est pas facile tous les jours

Lorsqu?on le laisse parler de son existence de nomade, Sylvain Hirschi reconnaît que ce n?est pas tous les jours facile, surtout à la mauvaise saison, où il ne faut pas se laisser gagner par la tension et le stress. Certes, il vend ses ?uvres en invitant les nombreux promeneurs du bord du lac à visiter son exposition. «Certains achètent, souvent sur un coup de c?ur, séduits par la douceur de ma peinture et ce qu?elle reflète», se réjouit cet artiste attachant.

Il ne se plaint pas de cette situation qui correspond à son choix de vie, à son idéal. Il est heureux et on le ressent à son contact. Heureux de vivre avec sa vieille bécane avec laquelle il a déjà parcouru 75 000 kilomètres en 7 ans. «La vie est un voyage», dit-il, philosophe.

A la fin de ce mois, il devra lever le camp de Praz où il est installé depuis octobre 2009. Il pense qu?il se rendra à Interlaken pour une nouvelle tranche de vie sous tente, avec ses pinceaux, ses couleurs et son vélo. Mais, sa tente, le poêle, et ses toiles seront transportés par un ami, avec une camionnette.

Si vous avez envie de croiser un moment Sylvain Hirschi, voir ses magnifiques tableaux et bavarder avec lui, dépêchez-vous car dès qu?il sera loin, il sera bien difficile de le retrouver autrement que par hasard puisqu?il n?a ni téléphone portable ni adresse postale.

Heureux qu?il est vous dis-je!

Un ULM propre et silencieux vole au-dessus de la vallée de la Broye

Il a la passion du vol libre chevillée au corps! Pour la vivre, André Lecoultre n?a pas hésité à s?installer, sept ans durant, à Mauborget pour pouvoir décoller en parapente facilement. Puis, de retour dans la maison familiale de Curtilles, il a développé un système de traction afin de pouvoir s?élancer des hauts de Sarzens ou de Lovatens pour des vols magnifiques qui peuvent durer plusieurs heures, si Eole et Hélios y mettent du leur.

Petite et légère

Autodidacte éclairé, depuis 30 ans, André Lecoultre cherche la solution pour assurer le décollage en vol libre, de partout ou presque, et de manière autonome. Les prototypes, il connaît et certains d?entre eux égaient les parois de son atelier d?ébéniste du Pâquis 7. Mais depuis quelques mois, il a trouvé une nouvelle solution. L?avènement de nouveaux matériaux, l?amélioration des capacités des batteries et surtout leur allégement lui ont ouvert la voie.

«C?est un miracle de la technologie» nous dit l?homme en pointant du doigt la batterie qui équipe sontFlycocoon. «Elle pèse 12   kilos, alors qu?une batterie «normale» de même puissance affiche aisément les 50   kilos», souligne-t-il. «Grâce à elle, le vol électrique, quasi inaudible et non polluant dans sa phase active est possible» assure-t-il un grand sourire aux lèvres. «Avec 30 ct. de charge, j?assure 17 minutes de poussée grâce au moteur et avec les vents et pour autant que je trouve des courants ascendants, je peux rester en l?air plus d?une heure», explique-t-il.

Un pari

Si la ligne aérodynamique deFlycocoonparaît couler de source, réussir à intégrer un moteur, une batterie sans provoquer le déséquilibre de l?engin n?était pas si simple.

André Lecoultre a réalisé son rêve de ses mains. Pour l?heure, le fuselage est en fibre de verre, mais le carbone kevlar serait mieux siFlycocoondevait trouver son public. Le petit moteur pèse 3,750 kg et l?hélice est en carbone. En rotation, lorsque le pilote l?actionne, elle s?ouvre toute seule grâce à la force centrifuge. De même, dès que la portance et les vents sont là et que le moteur devient inutile, elle se referme immédiatement jouant le jeu de l?aérodynamisme à la perfection.

Pour créer son engin à sa taille, André Lecoultre s?est placé devant un chablon et a demandé à son fils Noé, de le dessiner? permettant de créer la forme de base. Le moteur, l?hélice, comme la batterie ont été développés en Allemagne et il a eu l?occasion de les découvrir lors de rassemblements, comme la Coupe Icare. L?originalité de sonFlycocoonréside dans l?idée de contrebalancer le poids du moteur par celui de la batterie.

Des couvertures de magazines

Son engin, qu?il a déjà présenté lors de plusieurs rassemblements dédiés au vol libre, a à chaque fois conquis public et spécialistes. Il a déjà été l?objet de plusieurs couvertures de magazines spécialisés.

Evidemment, même si le but n?est pas de gagner de l?argent. André Lecoultre aimerait beaucoup pouvoir vendre desFlycocoon. Il a d?ailleurs breveté son idée. Mais pour le moment, le coût de revient d?un tel engin est encore trop élevé regrette-t-il. La batterie, le moteur, l?hélice et les fournitures coûtent à elle seule près de 10 000 francs. Evidemment, la réussite permettrait une production plus importante et, de fait, une baisse des prix du matériel de base.

Mais pourFlycocoon, le prix n?est pas la seule encouble. En effet, en Suisse, les ULM sont interdits de vol? A l?époque, c?est le bruit et la pollution engendrée par ces engins dotés de moteurs à essence qui avaient prévalu. Depuis, les choses ont évolué et comme partout ailleurs le propre et l?écolo sont de mise. Tous les pays du monde qui les interdisaient ont revu leur copie et les ont autorisés. Seule la Suisse attend encore. D?ailleurs, André Lecoultre a dû obtenir une permission spéciale, sur présentation d?un dossier bien charpenté, pour tester son engin en vol et le territoire qu?il a le droit de survoler a été clairement délimité, cinq kilomètres depuis Sarzens.

Cette autorisation est même tellement spécifique, qu?André Lecoultre ne peut pas répondre aux sollicitations de démonstrations, comme le week-end dernier à Salavaux pour l?ouverture du centenaire de l?aviation suisse ou, plus tard à Epagny. Il peut juste exposerFlycocoon! Mais c?est déjà un gage de succès. L?engin interpelle, les questions fusent et parfois en levant le nez du côté de Curtilles, on peut l?apercevoir.

Voir les vidéos sur www. flycocoon.com

«Nous nâ??avons pas droit à lâ??erreur»

«Ça fait du bien de bosser par chez nous», souffle Christian Jöhr, surtout habitué aux gros déplacements. L?habitant de Delley, 15 ans de maison, s?active sur les bords de la voie, dans la nuit noire, au milieu des projecteurs. Un décor féerique. «C?est un joli métier et, honnêtement, bosser la nuit par des temps pareils, c?est royal. Avec la neige, c?est autre chose», savoure le conducteur de machines ferroviaires. Accompagné d?une trentaine de collègues, le Broyard est depuis huit nuits aux petits soins avec la ligne reliant Palézieux et Moudon (voir ci-contre).

Préparation de longue haleine

«Nous n?avons pas droit à l?erreur, si à 4 h 30, un problème survient, c?est tout le réseau marchandise qui est bloqué», détaille Tristan Murith. Le conducteur de travaux a de la pression sur les épaules, mais n?en laisse rien paraître. «Un chantier, ça se prépare deux ans avant», reprend le citoyen du Mont-sur-Lausanne.

20 h 21, quelques instants après le passage du dernier train de la soirée, la première partie du convoi de travaux débarque, «un peu en avance», avoue Tristan en consultant sa montre. Mais, pas le temps de tergiverser. Les employés présents, tous d?orange vêtus sautent sur les wagons, déplient câbles, tuyaux. La mécanique est rodée. «On attend le déclenchement de la ligne de contact et sa mise à terre», confie le Vaudois, scrutant les traverses.

Et là, attention au vocabulaire technique, car le novice finit vite par y perdre son latin, à jongler avec panneaux, traverses et ballast. «Les panneaux mesurent en moyenne 18 mètres et comptent 30 traverses. Ce soir, nous allons poser 150 traverses», explique notre guide. Ouf! On finit par s?y retrouver!

20 h 40, Tristan nous adresse un «c?est tout bon, on peut y aller. » Satisfait, il nous conduit sur le lieu du chantier, où le passage à niveau a été démonté durant la journée. «De jour, une dizaine de personnes préparent le chantier en fonction des imprévus et le matériel dont on a besoin, c?est le gros du boulot», résume le responsable.

Un travail chronométré

Au loin, le grondement de la locomotive se fait entendre. Le gros engin rouge émerge rapidement des fourrés. La nuit ne sera pas de tout repos pour les riverains. «J?essaie à chaque fois d?établir un contact avec les gens et ça se passe beaucoup mieux», glisse le Vaudois.

Mais, pas le temps de rêvasser. Après un coup d??il sur sa tocante, il poursuit: «En principe, on devrait commencer à creuser à 21 h 15. » La première partie du convoi à peine en place que la seconde débarque déjà. «Le train complet pèse 1000 tonnes», indique Tristan Murith.

Un étrange ballet, alimenté par le bruit des génératrices et des machines, débute alors dans l?obscurité. Des pinces agrippant les rails et d?impressionnantes dents venant remuer le ballast. «On excave totalement la voie, sur 45 cm de profondeur, et nous remettons du ballast à neuf», achève Tristan.

Lâ??aviation suisse a décollé chez nous

Avenches est sans conteste le berceau de l?aviation suisse. Le 10   mai 1910, Ernest Failloubaz, gamin d?Avenches, alors âgé de 18 ans, s?envolait aux commandes de l?avion que son ami René Grandjean, de Bellerive, avait construit en s?inspirant d?une image de l?avion construit par Louis Blériot. Cela se passait sur la plaine de l?estivage à Avenches.

Le mercredi   28   septembre 1910, Failloubaz s?envole du terrain du Haras fédéral, aux commandes du Blériot qu?il s?était acheté, pour Payerne qu?il atteint après un vol de neuf minutes. Là, il est reçu triomphalement et les autorités payernoises lui offrent un banquet.

Deux livres nés d?une passion pour l?aviation

C?est dans le livre édité par Philippe Cornaz, du Mont-sur-Lausanne (voir portrait ci-dessous), que l?on trouve les détails de l?histoire d?Ernest Failloubaz, le pilote, et de René Grandjean, le constructeur. Outre l?hommage aux pionniers de l?aviation suisse, qui, curieusement, sont tous des Romands, on y trouve aussi l?histoire des aérodromes vaudois disparus (Avenches, Rennaz, Gland, Mex, Sainte-Croix et Yens-sur-Morges) ou en activité, tels que La Blécherette à Lausanne, Yverdon, Prangins et Bex. Les hydravions, la poste aérienne, la période de guerre 1939-1945 et la voltige aérienne sont aussi évoqués.

Mais, pour rester dans notre région broyarde, revenons à Ernest Failloubaz qui, au cours de sa courte existence (il est décédé à l?âge de 27 ans alors qu?il s?est mis à piloter à l?âge de 18 ans), a fait rayonner Avenches dans le monde de l?aviation. Il se distinguait par ses prouesses tant en Suisse qu?à l'étranger et le Conseil fédéral lui remit, le 10   octobre 1910, le brevet de pilote No   1 et une montre en or dédicacée. Le 1er   octobre 1911, il fonda l?aérodrome-école d?Avenches et propose un apprentissage pour l?obtention du brevet international de pilote-aviateur. Failloubaz construisit même des avions, sous licence Dufaux, dans l?usine actuellement Aventica, en face de la gare, avant de connaître des problèmes financiers et mourir abandonné le 14   mai 1919 à Lausanne. Il avait fait son dernier vol le 28   avril 1916, grâce à la magnanimité de Marcel Pasche qui lui prêta son Blériot, devant une dizaine de témoins. Avenches lui dédia un monument en 1942.

René Grandjean, né le 12   novembre 1884 et mort le 14   avril 1963, a connu une existence plus heureuse et fut un génial inventeur. Pilote, il fut le premier à se poser sur un glacier, il adapta des flotteurs à son avion qu?il posa sur l?eau et construisit le premier avion militaire suisse.

Un chapitre est consacré à l?histoire de l?aérodrome d?Avenches qui ferma définitivement le 31   décembre 1921, les autorités militaires fédérales n?ayant pas autorisé une exploitation civile. Le hangar, édifié par la Confédération, fut démonté et reconstruit à Payerne (ce hangar double en bois est encore visible sur l?aérodrome de Payerne, en face de la halle 1). Déjà pendant la guerre de 1914-1918, les autorités fédérales voyaient d?un mauvais ?il et avaient suspendu les activités civiles à Avenches, malgré les protestations de la Municipalité.

Le livre de Philippe Cornaz nous apprend aussi l?existence d?une base aérienne secrète à Avenches, dissimulée sur le domaine du Haras fédéral, en bordure de l?Erbogne. Occupée de 1940 à 1941, elle abrita des escadrilles de Messerschmitt Me-109 E-3 et de Morane. On apporta un soin tout particulier de cette base située à quelques minutes de vol de la frontière française. Des plate-formes construites dans les sous-bois permettaient de cacher les avions à la vue des aviateurs allemands.

C?est dire si ces livres sont extrêmement bien documentés et illustrés, fruit de plus de dix ans de recherche. Ils apportent un éclairage inédit sur l?histoire de l?aviation tant en terre vaudoise qu?en Suisse romande. René Cusin

L?aviation vaudoiseetL?aviation en Suisse romandesont en vente aux Offices du tourisme de Payerne et d?Avenches, au Musée Clin d?Ailes à Payerne et chez l?auteur, tél. 021 653 36 19, e-mail philippecornaz@hotmail. com

Les asperges du Vully en pole position

Les consommateurs qui aiment que les saisons soient rythmées par la succession de produits du terroir mis sur le marché en période de maturité sont en parfaite adéquation avec la démarche de Rudy et Anita Ruegsegger. Leur marché à la ferme des Chandines propose fruits et légumes de leur propre production, ainsi que diverses préparations maison telles que fruits et légumes séchés, eaux-de-vie, sirops et confitures, huiles de colza et de noix.

Appréciées, les asperges vertes du Vully

Il y a maintenant six ans, conscients d?une forte demande du marché au niveau des asperges du pays, les Ruegsegger ont décidé de se lancer dans la production d?asperges vertes. A Salavaux, profitant d?une terre sablonneuse propice à cette culture particulière, ils se sont associés à un collègue pour cultiver 4 hectares de ce légume printanier si apprécié. Au décès brutal de leur partenaire, ils ont poursuivi l?entreprise et produisent annuellement 3,7 tonnes à l?hectare, en rotation, hectare par hectare.

L?asperge est une culture pérenne produite par des plants, appelés griffes, qui s?obtiennent en Hollande et en Espagne. Leur coût est élevé et il faut compter 12 000 francs d?investissement pour un hectare. La plantation se fait à la main vers la fin avril, avec une griffe tous les 30 centimètres environ, en lignes séparées, distantes de 1,8 mètre. La première récolte ne se fait qu?au bout de trois ans et la production dure ensuite entre 5 à 9 ans, laps de temps au bout duquel il faut replanter.

Récoltées à la main

La récolte se fait aussi entièrement à la main et nécessite quotidiennement une douzaine de personnes, entre mi-avril et mi-juin. La progression de la pousse des asperges est conditionnée par la météo, car il lui faut une certaine humidité, mais aussi une température qui ne soit pas inférieure à 18-20 degrés. Ces contraintes demandent une grande souplesse dans la gestion du personnel attaché à la récolte.

Acheminées à la ferme, les asperges sont triées en trois catégories, selon leur épaisseur, coupées à la bonne longueur puis mises en bottes, entourées du papier indiquant leur provenance et attestant bien qu?il s?agit d?un produit suisse. La démarche est aussi écologique si l?on sait que, bien avant que la production suisse arrive sur le marché, les asperges provenant d?Amérique du Sud notamment parcourent des milliers de kilomètres en avion.

A la ferme, une chambre froide permet de faire le tampon entre la cueillette et la vente. Stockées debout, en caissettes, les pieds quelques centimètres dans l?eau, elles se conservent très bien. «Mais il faut être très attentifs à ne pas mouiller les pointes, qui sont assez sensibles à l?humidité», précise Anita Ruegsegger.

La récolte nécessite 540 heures de travail à l?hectare et le triage 612 heures à l?hectare, soit une centaine d?heures à l?hectare de plus que pour la culture du tabac.

Une culture intéressante

Pour les Ruegsegger, cette culture est intéressante puisque la production indigène ne couvre pas la demande (voir tableau ci-dessous). Outre l?écoulement en vente directe au marché à la ferme, ils livrent une grande partie de leur production à des grossistes, mais aussi à des détaillants, commerces et maraîchers et à quelques restaurants de la région qui apprécient, tout comme les privés, ce premier légume printanier qui pousse en pleine terre et qui s?accommode de nombreuses façons, seul ou combiné.

Francine Lämmler veut cheminer aux côtés des étudiants du GYB

Pour la conversation, avec Francine Lämmler-Berger, il faut s?accrocher. L?espoir de recueillir dans un parfait alignement le récit de sa jeune vie est vite réduit à néant par de multiples escapades dans des directions inattendues. Sa générosité naturelle l?entraîne à sans cesse faire référence aux gens qu?elle a côtoyés, qui ont marqué son existence, qu?elle a écoutés et souvent appréciés.

Parce que son fil rouge à elle c?est l?être humain, qu?elle ne cherche pas à «convertir» comme elle dit, mais à accompagner, soutenir dans ce qu?il est.

L?absence du père

Au début, il y a eu sa jeunesse, aux Granges-de-Dompierre, dans une famille d?arboriculteurs, et ses classes à Dompierre, Lovatens puis Villarzel. Conseiller national, son père Jean-Pierre Berger est souvent en séance à Berne ou à Strasbourg, loin de la maison. Francine avoue que si ses trois frères ont bien vécu ces absences, elle pas. Il lui manquait. Mais, ajoute-t-elle, «lorsqu?il était à la maison il était bien là, on savait dans quelle direction il fallait marcher!». Une situation à laquelle elle attribue l?avantage d?avoir dû toute jeune prendre certaines responsabilités, avec le soutien et l?affection d?une maman attentionnée. «Si j?ai entrepris la formation de diacre, c?est aussi parce que mes parents m?ont apporté cette dimension spirituelle» conclut-elle à propos de son enfance.

La scolarité terminée, Francine Berger entreprend une formation de trois ans dans l?horticulture, à Chavannes-Renens. Ensuite, elle s?expatrie en Ligurie, au nord de l?Italie, dans une exploitation maraîchère et d?horticulture. «Avec une copine suisse, j?avoue qu?on faisait un peu du social. Les patrons n?étaient pas dans une situation florissante et on n?a pas touché notre salaire tous les mois, mais qu?est-ce qu?on a ri!»

Jeune fille «dans le vent»

Là-bas, ses patrons et collègues ne l?appellent pas Francine mais «Cespuglio». C?est le nom de ces buissons que le vent fait tourner dans les rues vides de villages reconstitués pour les westerns. Toujours en mouvement, la chevelure en bataille, la relation avec le «cespuglio» était tentante. Sauf que le vent ne l?entraîne pas où elle ne veut pas aller. On le comprendra à l?évocation de ses convictions.

Au retour d?Italie, elle travaille chez Addor à Payerne puis dans les serres de la ville de Lausanne. Elle y rencontre Erwin, qui deviendra son mari, puis c?est la naissance des quatre enfants, Samuel, Simon, Bartimée et Clémentine. Le retour dans la Broye passe par Prévonloup, avant l?achat d?une maison à Villars-Bramard.

Où les gens se sentent bien

Francine Lämmler s?engage avec une joyeuse détermination dans la vie paroissiale, y prend sa part de responsabilités, auprès des jeunes principalement. «Depuis que j?ai quitté le berceau, j?aime organiser des animations, des rencontres où les gens se sentent bien, je crois que c?est dans ma nature. » Une philosophie qui ne laisse pas indifférents le pasteur Vincent Guyaz de Dompierre et Max Blaser de Villarzel, alors président du Conseil de paroisse. Complices dans la démarche, ils proposent à la jeune paroissienne de suivre un séminaire théologique destiné à approfondir sa foi et lui aider à la transmettre autour d?elle. C?est le pied à l?étrier d?une formation de diacre qui porte sur trois ans et qu?elle est en voie d?achever.

Des tâches à mener de front

Dans le même temps, le bureau de poste de Villars-Bramard ferme. Eliane Fattebert, ancienne postière et Josette Michel, nouvelle responsable pour les villages de Dompierre, Cerniaz, Lovatens, Prévonloup et Villars, lui proposent la distribution du courrier à Dompierre. Les enfants deviennent grands, le travail se déroule en matinée, lorsqu?ils sont à l?école, Francine accepte.

«J?ai beaucoup apprécié la compréhension de Josette Michel à mon égard. J?avais mes cours de diacre à Lausanne le samedi toutes les deux semaines et elle m?a toujours arrangé» confie-t-elle dans un sentiment de reconnaissance.

Formation exigeante

La formation de diacre ne peut être entreprise sans avoir auparavant effectué au minimum un apprentissage, sanctionné par un CFC et deux ans de pratique. Francine Lämmler répond aux exigences. Les deux premières années d?acquisitions théoriques portent notamment sur la théologie en situation de vie et la théologie ministérielle. De nombreux travaux et évaluations jalonnent cette étape du parcours.

La dernière année est plus pratique et se passe généralement en institution. En qualité de diacre stagiaire, Francine Lämmler est donc rattachée au Gymnase broyard. «Les responsables du cours tiennent compte dans la mesure du possible des aspirations des candidats et comme je souhaitais travailler auprès des jeunes, je suis comblée» admet la candidate au ministère diaconal.

Elle va travailler aux côtés d?André Fischer, animateur de jeunesse, qui lui est à l?écoute des étudiants catholiques du Gymnase.

Elle est suivie dans son cheminement auprès des gymnasiens par le pasteur Christian Pittet, maître de stage et aumônier de jeunesse pour la Basse-Broye.

En outre, régulièrement durant cette année pratique, elle tirera le bilan de son engagement et de ses activités en compagnie du pasteur Pierre Glardon.

Quand elle parle de son travail à venir et du ministère diaconal qui l?attend, Francine Lämmler devient grave, soudain. Ça surprend.

«Mon but n?est pas de convertir, mais soutenir, accompagner l?autre dans ce qu?il est. Il y a des jeunes qui ne sont pas hors de la coquille, comme on dit et qui portent déjà un lourd fardeau» précise-t-elle.

Le bonheur de Dieu et des hommes

A l?évocation de son engagement dans l?Eglise, elle retrouve ses yeux rieurs. «Je crois au bonheur de Dieu et au bonheur des hommes. Il y a souvent dans les parcours de vie des gens, une pelote de n?uds à démêler. Seul, c?est parfois difficile d?y arriver. Si on se met ensemble pour démêler les n?uds, on va tous mieux. »

Ces jours-ci, Francine fait ses dernières tournées pour La Poste, à Dompierre. Elle a bien aimé cette tâche qui l?a mise quotidiennement en contact avec la population: «J?ai eu en particulier beaucoup de plaisir à fréquenter les aînés. J?aime bien partager un moment avec eux. Ils sont plus détachés que les jeunes des préoccupations existentielles. et savent aller à l?essentiel. »

Pour sa part, une habitante nous a avoué regretter ce départ: «Francine, c?est notre rayon de soleil quotidien. »

Un bel hommage rendu à un sourire devenu légendaire dans bien des chaumières.

Lâ??homme de la grotte, Maurice Dumoulin, est entré dans sa centième année

Maurice Dumoulin est entré dans sa centième année jeudi dernier. Il n?a pas emprunté le même itinéraire que le commun des mortels. «C?est une belle leçon de vie. Les chemins sont différents, mais souvent plus riches», lance le conseiller d?Etat Pascal Corminboeuf, présent pour remettre à Maurice le cadeau du centenaire. Un divin nectar du domaine des Faverges. «Autant boire l?eau de la mer», s?exclame Maurice en voyant la bouteille. L?homme n?a jamais bu d?alcool et encore moins fumé. Il préfère les douceurs.

Le citoyen de Bussy est resté un grand enfant. Il aurait pu passer sa vie dans une institution spécialisée. Mais grâce à sa famille, il a trouvé sa voie auprès d?elle. Une vie faite de travail, de découvertes et de défis, dignes des grands travaux d?Hercule.

La grotte à Maurice

Un jour, en 1978, Maurice décide de construire une grotte qui l?emmènera de Bussy jusqu?au lac. Des années de labeur à tailler la molasse au burin. Tout d?abord la grise, puis en 1984, il tombe sur de la molasse bleue, indomptable. Il abandonne son projet et n?ira pas jusqu?au lac.

Sa caverne mesure tout de même 16,50   m de longueur et 2   m de large et presque autant en hauteur. Il a enlevé plus de 60   m³de molasse qu?il a transportée dans des bidons à plus de 200   m de là. On peut estimer à 120 000 - 150 000 bidons de gravats. Impensable!

C?est dans cet antre que Maurice a installé son musée. Une collection d?objets hétéroclites. De l?art brut en quelque sorte, le reflet de son monde, de son esprit (voir encadré).

A pieds nus, été comme hiver

Depuis la fonte des neiges - du moins quand l?hiver veut bien nous en donner - jusqu?à l?arrivée de la suivante, Maurice Dumoulin va pieds nus et en bras de chemise. Seule exception, pour la messe dominicale qu?il ne raterait pour rien au monde. L?homme met des souliers et endosse un paletot. Très croyant, il voue une passion pour la Sainte Vierge. Jusqu?à l?âge de 50-60   ans, il a aidé les paysans lors des battages en grange. L?arrivée des moissonneuses-batteuses l?a obligé à rester à la maison. Grand travailleur, il glanait même à pieds nus. Un robuste le Maurice.

Le soir, il se rendait à la laiterie chercher le lait pour la famille. En rentrant, il s?arrêtait dans les maisons et visitait étables, cuisines, granges et poulaillers. Fin observateur de la nature, hormis ses balades à pied, Maurice se déplaçait aussi à vélo militaire, du Vully jusqu?à Vuissens. Il voyageait à l?instinct.

Il a frôlé la mort

En novembre 1984, Maurice souffre pendant des jours. Il ne dit rien, mais la douleur l?emporte et il doit consulter un médecin. Ce dernier le fait immédiatement hospitaliser à Fribourg. C?était une appendicite qui avait tourné en péritonite. Maurice est resté plusieurs jours aux soins intensifs. Les médecins étaient réservés sur son sort. Il est passé tout près de la mort. C?est un miraculé.

Il y a deux ans, sa famille l?a emmené voir la mer. Départ le matin, vol jusqu?à Nice et retour en soirée. Maurice a pu goûter l?eau de la Méditerranée. «Trop salée» à son goût.

Resté célibataire, Maurice Dumoulin réside chez sa nièce Bernadette Molina. Avec son mari José, ils s?occupent de leur aïeul et ceci depuis de nombreuses années.

«Il n?est pas embêtant. Le matin, il se lève en même temps que le soleil. Il fait son déjeuner. Il dîne avec nous puis le soir il prépare son repas. Il adore faire à manger. Il nous aide souvent encore pour le ménage», sourit José Molina.

«Les vraies richesses ne sont pas toutes dans les banques, mais dans les c?urs. Certains grands décideurs feraient bien de s?en inspirer», souligne Pascal Corminboeuf, impressionné par cette personnalité marquante du village de Bussy.

Un livre, une expo

Le photographe Mario Del Curto a saisi Maurice Dumoulin dans sa grotte. Un livre Monde miroirs en fait mention.

Ces photographies et un film seront à l?honneur en octobre 2008 au Musée de la Collection de l?art brut à Lausanne.

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