Vers une barrière antisangliers

Sans une indemnisation de leur temps consacré à fermer leurs champs pour éviter les dégâts des cochons sauvages, les paysans sont prêts à clôturer la réserve naturelle.

Trop, c’est trop! A Chevroux, les agriculteurs en ont ras le bol des dégâts aux cultures commis par les sangliers de la Grande Cariçaie et surtout du temps consacré à fermer leurs parcelles pour empêcher les attaques. S’ils n’obtiennent pas d’indemnisation, comme cela est pratiqué sur Fribourg, où une personne est chargée d’installer les parcs depuis 2013, ils sont prêts à agir différemment. Après une première menace il y a deux ans, ils viennent d’envoyer un courrier, signé par onze exploitants du village, à la conseillère d’Etat Jacqueline de Quattro, cheffe du Département du territoire et de l’environnement. Cette missive revient sur la solution extrême d’enfermer les sangliers dans la réserve, plutôt que de clôturer les cultures. «Une mesure illégale, car elle fermerait aussi le passage des autres animaux», reconnaissent-ils en espérant ne pas devoir en arriver là.


Chasse moins fructueuse
Mais le temps presse, car profitant d’un hiver plutôt clément et de sols peu gelés, les animaux ont repris leurs sorties nocturnes. S’attaquant notamment aux parcelles de blé, semées après du maïs. «Il y a dix jours, j’ai vu huit sangliers sur deux parcelles en direction de Gletterens aux alentours de 21?h?30, soupire Jérôme Schüpbach, coordinateur des actions des paysans locaux. Du côté de Forel, j’en ai ensuite encore croisé six autres».
Alors que la période de chasse touche à sa fin, le bilan comptable des bêtes touchées sera à la baisse. «Actuellement et malgré la chasse de nuit tentée en septembre (voir La Broye du 19 septembre 2013), quelque 80 sangliers ont été abattus dans mon secteur, contre 144 en 2012», confirme Pierre Henrioux, garde-faune vaudois de la circonscription 6, allant d’Yverdon-les-Bains à Cudrefin. «On sait qu’il en reste un certain nombre, même si des comptages précis n’ont pas encore été entrepris. Et surtout qu’ils ressortent de la réserve depuis quelques semaines.»
Ainsi, à Chevroux, les agriculteurs ont repris le parcage de leurs cultures. «Selon une étude réalisée par le canton de Fribourg, cela représente une heure et demie pour 100?mètres linéaires de clôture», relevait le député José Durussel (UDC, Rovray), dans une motion de janvier 2012 au Grand Conseil vaudois en vue de l’indemnisation de ces frais supplémentaires. Une indemnisation qui devait théoriquement entrer en vigueur en même temps sur les deux cantons de Vaud et de Fribourg. Mais depuis lors, le député attend des nouvelles du canton (voir encadré).
«Nous fermons principalement le maïs, les pommes de terre et les pois, mais certains le font aussi pour le blé ou les prairies», conclut Jean-Daniel Mayor, agriculteur. «Outre le fait que nous ne sommes pas indemnisés pour cela, il faut aussi compter que cela engendre beaucoup de temps ensuite dans l’entretien de nos cultures». Alors que la pose d’une barrière le long de la Grande Cariçaie résoudrait le problème…

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