Un ULM propre et silencieux vole au-dessus de la vallée de la Broye

Il a la passion du vol libre chevillée au corps! Pour la vivre, André Lecoultre n?a pas hésité à s?installer, sept ans durant, à Mauborget pour pouvoir décoller en parapente facilement. Puis, de retour dans la maison familiale de Curtilles, il a développé un système de traction afin de pouvoir s?élancer des hauts de Sarzens ou de Lovatens pour des vols magnifiques qui peuvent durer plusieurs heures, si Eole et Hélios y mettent du leur.

Petite et légère

Autodidacte éclairé, depuis 30 ans, André Lecoultre cherche la solution pour assurer le décollage en vol libre, de partout ou presque, et de manière autonome. Les prototypes, il connaît et certains d?entre eux égaient les parois de son atelier d?ébéniste du Pâquis 7. Mais depuis quelques mois, il a trouvé une nouvelle solution. L?avènement de nouveaux matériaux, l?amélioration des capacités des batteries et surtout leur allégement lui ont ouvert la voie.

«C?est un miracle de la technologie» nous dit l?homme en pointant du doigt la batterie qui équipe sontFlycocoon. «Elle pèse 12   kilos, alors qu?une batterie «normale» de même puissance affiche aisément les 50   kilos», souligne-t-il. «Grâce à elle, le vol électrique, quasi inaudible et non polluant dans sa phase active est possible» assure-t-il un grand sourire aux lèvres. «Avec 30 ct. de charge, j?assure 17 minutes de poussée grâce au moteur et avec les vents et pour autant que je trouve des courants ascendants, je peux rester en l?air plus d?une heure», explique-t-il.

Un pari

Si la ligne aérodynamique deFlycocoonparaît couler de source, réussir à intégrer un moteur, une batterie sans provoquer le déséquilibre de l?engin n?était pas si simple.

André Lecoultre a réalisé son rêve de ses mains. Pour l?heure, le fuselage est en fibre de verre, mais le carbone kevlar serait mieux siFlycocoondevait trouver son public. Le petit moteur pèse 3,750 kg et l?hélice est en carbone. En rotation, lorsque le pilote l?actionne, elle s?ouvre toute seule grâce à la force centrifuge. De même, dès que la portance et les vents sont là et que le moteur devient inutile, elle se referme immédiatement jouant le jeu de l?aérodynamisme à la perfection.

Pour créer son engin à sa taille, André Lecoultre s?est placé devant un chablon et a demandé à son fils Noé, de le dessiner? permettant de créer la forme de base. Le moteur, l?hélice, comme la batterie ont été développés en Allemagne et il a eu l?occasion de les découvrir lors de rassemblements, comme la Coupe Icare. L?originalité de sonFlycocoonréside dans l?idée de contrebalancer le poids du moteur par celui de la batterie.

Des couvertures de magazines

Son engin, qu?il a déjà présenté lors de plusieurs rassemblements dédiés au vol libre, a à chaque fois conquis public et spécialistes. Il a déjà été l?objet de plusieurs couvertures de magazines spécialisés.

Evidemment, même si le but n?est pas de gagner de l?argent. André Lecoultre aimerait beaucoup pouvoir vendre desFlycocoon. Il a d?ailleurs breveté son idée. Mais pour le moment, le coût de revient d?un tel engin est encore trop élevé regrette-t-il. La batterie, le moteur, l?hélice et les fournitures coûtent à elle seule près de 10 000 francs. Evidemment, la réussite permettrait une production plus importante et, de fait, une baisse des prix du matériel de base.

Mais pourFlycocoon, le prix n?est pas la seule encouble. En effet, en Suisse, les ULM sont interdits de vol? A l?époque, c?est le bruit et la pollution engendrée par ces engins dotés de moteurs à essence qui avaient prévalu. Depuis, les choses ont évolué et comme partout ailleurs le propre et l?écolo sont de mise. Tous les pays du monde qui les interdisaient ont revu leur copie et les ont autorisés. Seule la Suisse attend encore. D?ailleurs, André Lecoultre a dû obtenir une permission spéciale, sur présentation d?un dossier bien charpenté, pour tester son engin en vol et le territoire qu?il a le droit de survoler a été clairement délimité, cinq kilomètres depuis Sarzens.

Cette autorisation est même tellement spécifique, qu?André Lecoultre ne peut pas répondre aux sollicitations de démonstrations, comme le week-end dernier à Salavaux pour l?ouverture du centenaire de l?aviation suisse ou, plus tard à Epagny. Il peut juste exposerFlycocoon! Mais c?est déjà un gage de succès. L?engin interpelle, les questions fusent et parfois en levant le nez du côté de Curtilles, on peut l?apercevoir.

Voir les vidéos sur www. flycocoon.com