Swiss Space Systems offrira l'espace depuis Payerne

AÉROSPATIALE La société Swiss Space Systems (S3) a fêté sa naissance officielle et l’inauguration de ses premiers locaux le mercredi 13 mars. Elle a pour objectif de permettre la mise sur orbite de petits satellites, à moindre coût, en réutilisant le lanceur.

Installée depuis le début de l’année à la Palaz 3, la société Swiss Space Systems dirigée par Pascal Jaussi, de Murist, a inauguré ses premiers locaux payernois, hier après-midi. Le parterre d’invités, de représentants des autorités fédérales, cantonales et communales, mais aussi de représentants diplomatiques de huit pays et de représentants de sociétés actives dans l’aérospatiale dont l’expertise est reconnue était à la mesure de l’importance et de l’audace du projet, soit impressionnant. C'est l'astronaute Claude Nicollier qui a débuté cette conférence en se disant impressionné par l'esprit rassembleur et enthousiaste de S3. D'innombrables sommités de l'astronautique et de la physique ont pris la parole lors de cet après-midi exceptionnel, dans les murs de l'ancien commerce de meubles Gillet à la Palaz.

Un potentiel incroyable
A l’heure actuelle, S3 compte 25 collaborateurs, essentiellement des ingénieurs, et d’ici à la fin de l’année, ce chiffre devrait au minimum doubler. Ces personnes assurent le développement du concept de navette drone, puis, dans une seconde phase, S3 souhaite aussi s’installer sur le site de l’Aéropôle 1. Si tout se passe bien et que l’implantation sur l’Aéropôle se révèle réalisable techniquement, elle y bâtira d’impressionnants locaux afin d’assurer, à Payerne, la construction de ses navettes, leur maintenance, ainsi que les lancements de satellites pour la clientèle européenne. Ce projet de spaceport est d’ores et déjà devisé à une cinquantaine de millions de francs et il devrait voir le jour d’ici 2015 pour autant que tous les processus légaux se passent sans anicroche.
A ce propos, Christelle Luisier Brodard, syndique de Payerne, a relevé que la commune souhaitait accompagner S3 dans le processus d’implantation sur l’Aéropôle 1. Elle a aussi, évidemment, salué l’arrivée de S3 à Payerne, se réjouissant particulièrement que la région puisse être porteuse d’innovation et à la pointe sur le plan technologique.

Premiers vols en 2017
Le calendrier de S3 est vraiment ambitieux puisque les premiers lancements tests sont prévus en 2017. Pour réussir ce pari, S3 peut s’appuyer sur l’apport de technologies d’ores et déjà certifiées au travers de partenariats inédits conclus avec des acteurs majeurs dans le domaine de l’aérospatiale que sont l’Agence spatiale européenne (ESA), Dassault Aviation, le Von Karman Institute, Sonaca.

Economies
Outre le fait de permettre de gagner du temps dans le développement de la technique que souhaite mettre en œuvre S3, ces apports sont aussi positifs au bilan chiffré de l’opération. En effet, les coûts prévus de réalisation de la navette jusqu’aux premiers lancements tests sont de 250 millions de francs, alors qu’il aurait fallu compter plusieurs milliards de francs s’il avait fallu partir de zéro, a souligné Pascal Jaussi, fondateur et CEO de S3.

Réutilisable
La technique que S3 entend développer a encore un autre aspect très intéressant, lui aussi synonyme d’économies. En effet, le porteur de base, l’Airbus A300, tout comme la navette drone sont réutilisables et ils sont tous deux nettement moins gourmands en carburant que les lanceurs existants. Le prix du lancement de satellites devrait donc passer d’environ 40 millions de francs à 10 millions de francs grâce à S3. De plus, les infrastructures nécessaires au lancement ne sont pas particulières. Il faut «seulement» disposer d’une piste et d’un tarmac capables d’accueillir un Airbus A300. Cette nécessité impliquera d’ailleurs certainement quelques aménagements du côté de la piste de Payerne et ses bandes de roulements, mais l’essentiel sera fait, notamment la capacité en charge pondérale au mètre carré, sur la parcelle que S3 occupera à l’Aéropôle 1.
D’ailleurs, à ce titre, on peut relever que la parcelle choisie est celle qui devait accueillir Speedwings et qu’un accord est intervenu entre les parties pour un échange de surfaces si le projet de spaceport se concrétise.

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