Morens a décidé de tenir le couteau par le manche
«Nous faisons recours contre le règlement d’exploitation civil de l’aérodrome et nous voulons négocier», tel est le verdict tant attendu des autorités communales de Morens. Il a été livré mardi soir, au terme d’une soirée d’information à la population.
Une vingtaine de citoyens avaient fait le déplacement et, avant la décision, ont attentivement écouté les propos du préfet Christophe Chardonnens, ainsi que la présentation de l’Aéropôle par le directeur de la Coreb, Pierre-André Arm. Certains habitants semblaient d’ailleurs découvrir, ce soir-là, qu’en face de chez eux un grand pôle industriel aéronautique allait voir le jour.
La syndique Nathalie Frey et l’avocat de la commune José Kaelin ont rappelé que Morens avait déjà fait recours contre le règlement d’exploitation militaire en juin 2012. Ce dernier bloquant le développement de la commune.
«Ce règlement (civil) n’est pas parfait. Je souhaite cependant que la commune s’inscrive en partenaire. Vous êtes devant un choix crucial qui n’est pas simple. Il y a la voix judiciaire et l’autre solution qui est de se mettre autour de la table pour être écoutés et participer à la mise en œuvre de ce règlement. Mais la commune ne pourra pas se placer des deux côtés de la table», avait prévenu le préfet en début de soirée. Pourtant, les autorités de Morens ont choisi cette voie, à la grande surprise des invités.
Durant la soirée, plusieurs citoyens se sont inquiétés quant à la route communale qui traverse les pistes et les barrières qui seront encore plus souvent fermées. «Il faut fermer cette route», clame une partie de la salle, tandis que l’autre est pour la conserver. «C’est un dossier qui dure depuis de nombreuses années, mais qui n’a pas de rapport direct avec ce règlement», répond la syndique.
D’autres reviennent sur l’impossibilité pour Morens de se développer. «Nous n’aurons que des nuisances, pas de nouveaux habitants et pas de compensations en relation avec l’Aéropôle», s’insurge un Morensois.
La fusion comme solution
«Je considère que les personnes qui viennent habiter à Morens le font en connaissance de cause. L’avenir n’est certes pas rose, mais la fusion (ndlr: à 10 communes autour d’Estavayer) permettra des perspectives meilleures», rétorque le préfet.
Un participant évoque aussi la possibilité d’une écotaxe sur chaque mouvement.
«On ne refait pas l’histoire. Il n’est pas possible de faire plus de concessions sans mettre l’édifice en péril», a appuyé le préfet juste avant la sentence prononcée par la syndique.
«Le règlement ne va pas complètement dans notre sens. Pour la route communale, cela convient. Mais nous entendons avoir un retour à nos demandes. Je précise que le Conseil communal n’est pas opposé à l’Aéropôle. D’ailleurs, nous trouvons le projet S3 remarquable, indique la syndique. Nous maintenons notre recours afin de préserver nos droits. Il nous faut des garanties pour l’avenir», appuie Nathalie Frey, tout en évoquant le climat de confiance avec la Coreb, «ce qui n’a pas toujours été le cas».
Quelles négociations?
«Si c’est un recours qui sert à aller de l’avant, ça n’est pas si grave, mais il ne faut pas que cela s’éternise. J’espère juste que ça ne mette pas à mal les projets en cours», réagit à chaud Pierre-André Arm.
Quant à la question d’un journaliste sur les négociations souhaitées, «nous ne souhaitons pas nous étendre sur celles-ci ce soir», a ponctué la syndique. Sur quoi porteront-elles: compensations foncières, normes de constructions ou bas de laine? Une certitude, Morens tient bel et bien le manche à balai.