Le Colisée a quitté Rome pour Moudon

BRANDONS Dès ce soir et jusqu’aux petites heures lundi matin, Moudon se transforme en Brandonum. C’est la fête, et même le décor paisible de la ville s’en retrouve chamboulé à l’image de la place du Marché. C’est une spécificité moudonnoise.

Le boulot est énorme, mais les yeux de Pierre Monney brillent de mille feux lorsqu’il présente les décors qui habilleront la place du Marché et la Grenette cette fin de semaine à l’appel du carnaval le plus fou de ROMEandie.
Il faut en effet certainement un brin de folie pour se lancer dans de telle aventure, mais aussi un sérieux à toute épreuve pour réussir le tour de force d’adapter des décors à la configuration des lieux. Ce challenge, les organisateurs des Brandons de Moudon le relèvent depuis le début des années 2000. Cette touche artistique est une spécificité moudonnoise. Elle implique un engagement sans faille des membres du comité d’organisation. En effet, épaulés du concepteur aux idées originales et qu’est l’infatigable Pierre Monney ainsi que par quelques bénévoles, ce sont eux qui réalisent tous les décors durant l’hiver.
Tout commence en août, c’est à ce moment que le thème de la prochaine édition des Brandons est arrêté. Une fois la décision prise, c’est inquiets que les responsables vont s’enquérir de la faisabilité auprès de Pierre Monney. Invariablement, ce dernier annonce: «On va se débrouiller» et le voilà prêt à cogiter durant tout l’été. A l’approche de l’hiver, début novembre, le comité des Brandons prend possession de locaux mis à sa disposition dans l’ancienne caserne de Moudon par la commune, et les idées de Pierre Monney peuvent passer du rêve à la réalité.
Rien n’est laissé au hasard, le décor de la place du Marché est posé sur plans. Il faut être précis, la place étant «mal plate», comme on dit, et, en plus, il faut avaler la fontaine et sa statue sous la scène et les échafaudages.
Cette année, ce n’est rien moins que le Colisée qui y sera édifié et complété par une fresque immense que seules quelques personnes ont pu voir jusqu’ici. La pièce de base du Colisée pèse la bagatelle de près de 400 kilos et deux étages viendront la compléter et s’emboîter très précisément pour assurer la stabilité de l’édifice. De même, cette année, pour la première fois, la décoration du fond de la scène sera en dur, soit peinte sur des panneaux de métal qui seront fixés aux échafaudages.

Au pinceau ou au rouleau
A la Grenette, la pose des décors est plus aisée, puisque l’espace à disposition est le même chaque année. Les intervalles entre les piliers permettent la création de six panneaux décorés sur le thème de l’édition. Il n’en demeure pas moins que les réaliser n’est pas une mince affaire non plus. Les dessins sont préparés, reportés sur les panneaux des années passées qui ont été préalablement blanchis. Puis les membres du comité se lancent dans la peinture sous la férule de Pierre Monney. Il faut compter, au bas mot, une dizaine d’heures de travail par panneau et les membres du comité, leurs amis et Pierre Monney n’ont pas trop de tous les samedis de novembre, jusqu’aux Brandons, pour réaliser tous les décors, surtout que les bars de la fête sont aussi l’objet de toute l’attention du comité.
«Pour nous, cette volonté de décorer la ville et les lieux clés de la manifestation est un plus des Brandons de Moudon. Cela leur confère une ambiance unique», relèvent en chœur les membres du comité au boulot, samedi dernier, à la caserne pendant que les autres faisaient un dernier tour des chars.
Tout est prêt et la cuvée 2013 s’annonce grandiose, tant en qualité que quantité, mais aussi côté météo!