La Grande-Cariçaie pour les nuls

Sur un budget total de 1,6   million de francs, le Groupe d?étude et de gestion de la Grande-Cariçaie (GEG), bénéficie d?un subventionnement de l?ordre de 80% par la Confédération et du reste par les cantons de Vaud et Fribourg. Il possède trois missions en particulier: il est chargé «des travaux d?entretien des marais non boisés, d?une relative surveillance (voir ci-dessous) et d?un suivi scientifique». Enfin, l?équipe du GEG s?occupe aussi de l?accueil et de l?information du public dans les réserves naturelles. De plus, le groupe «travaille en étroite collaboration avec les services cantonaux», selon son directeur Michel Antoniazza.

Deux types de primauté

La priorité pour le GEG reste certains habitats tels que les roselières, les prairies marécageuses, les forêts riveraines, 33 espèces de plantes (rares à l?échelle nationale et menacées par l?activité humaine) et 77 espèces animales. Le directeur donne le ton: «Nous devons être très attentifs car il est de notre responsabilité d?assurer la conservation de toutes ces espèces». La protection du castor en est un illustre exemple. Pour le GEG, il y a deux degrés de priorités: la première catégorie oblige l?équipe à être particulièrement vigilante parce que «les mesures traditionnelles peuvent porter atteinte aux espèces». La deuxième catégorie concerne les mesures traditionnelles de conservation «qui se limitent à un suivi scientifique régulier».

Intervention nécessaire

Pour ce faire, un plan de gestion portant sur la période 2007-2011, est mis en place pour l?entretien des six réserves entre Yverdon et Cudrefin. Historiquement, le plan de gestion se base sur des expériences acquises depuis 1982 et renouvelé tous les 4 ans. Pierre Alfter, ingénieur forestier et responsable des travaux de gestion, précise que le GEG «doit avant tout servir les buts de protection et préserver les milieux ouverts». A certains endroits, la forêt «avance» sur les marais et si personne n?intervenait, les marais (ainsi que bon nombre d?espèces) tendraient à disparaître sous l?effet «colonialiste» de la forêt. Michel Antoniazza affirme que «si rien n?est entrepris pour retenir les forêts, les trois quarts des marais disparaîtraient en une vingtaine d?années seulement». Heureusement, il existe différentes méthodes de conservation et d?entretien utilisées par le GEG: le fauchage mécanique est requis dans des milieux relativement peu portants et représente chaque année environ 70 hectares de végétations. Vient ensuite le broyage mécanique, appliqué «dans les endroits ou les grosses faucheuses mécaniques n?ont plus l?accès (clairière forestière)», poursuit l?ingénieur. Le débroussaillage manuel est également utilisé par des équipes sur le terrain, mélangeant généralement des professionnels et des bénévoles: «Une personne à temps plein, accompagnée de stagiaires, débroussaillent entre 3 et 4 hectares par année», souligne Pierre Alfter. Autre technique, le décapage: il s?agit, dans un milieu comme la roselière, de la remettre à son niveau initial, (moins d?un hectare par année).

Respect des cycles et continuité

Tous ces travaux se font en hiver et doivent être terminés avant la mi-mars. En effet, la période allant du 15   mars au 15   août est sacrée car «elle signifie le cycle de reproduction des espèces qu?il faut éviter à tout prix de perturber». En 2012, un nouveau plan de gestion amélioré verra le jour, promet M.   Antoniazza. Le GEG entend continuer sa collaboration avec les communes «pour ce qui est de l?entretien et du nettoyage des réserves». L?ingénieur Alfter ajoute que «le GEG organise des excursions sur demande, avec différents thèmes d?approche».