Lâ??aviation suisse a décollé chez nous

Avenches est sans conteste le berceau de l?aviation suisse. Le 10   mai 1910, Ernest Failloubaz, gamin d?Avenches, alors âgé de 18 ans, s?envolait aux commandes de l?avion que son ami René Grandjean, de Bellerive, avait construit en s?inspirant d?une image de l?avion construit par Louis Blériot. Cela se passait sur la plaine de l?estivage à Avenches.

Le mercredi   28   septembre 1910, Failloubaz s?envole du terrain du Haras fédéral, aux commandes du Blériot qu?il s?était acheté, pour Payerne qu?il atteint après un vol de neuf minutes. Là, il est reçu triomphalement et les autorités payernoises lui offrent un banquet.

Deux livres nés d?une passion pour l?aviation

C?est dans le livre édité par Philippe Cornaz, du Mont-sur-Lausanne (voir portrait ci-dessous), que l?on trouve les détails de l?histoire d?Ernest Failloubaz, le pilote, et de René Grandjean, le constructeur. Outre l?hommage aux pionniers de l?aviation suisse, qui, curieusement, sont tous des Romands, on y trouve aussi l?histoire des aérodromes vaudois disparus (Avenches, Rennaz, Gland, Mex, Sainte-Croix et Yens-sur-Morges) ou en activité, tels que La Blécherette à Lausanne, Yverdon, Prangins et Bex. Les hydravions, la poste aérienne, la période de guerre 1939-1945 et la voltige aérienne sont aussi évoqués.

Mais, pour rester dans notre région broyarde, revenons à Ernest Failloubaz qui, au cours de sa courte existence (il est décédé à l?âge de 27 ans alors qu?il s?est mis à piloter à l?âge de 18 ans), a fait rayonner Avenches dans le monde de l?aviation. Il se distinguait par ses prouesses tant en Suisse qu?à l'étranger et le Conseil fédéral lui remit, le 10   octobre 1910, le brevet de pilote No   1 et une montre en or dédicacée. Le 1er   octobre 1911, il fonda l?aérodrome-école d?Avenches et propose un apprentissage pour l?obtention du brevet international de pilote-aviateur. Failloubaz construisit même des avions, sous licence Dufaux, dans l?usine actuellement Aventica, en face de la gare, avant de connaître des problèmes financiers et mourir abandonné le 14   mai 1919 à Lausanne. Il avait fait son dernier vol le 28   avril 1916, grâce à la magnanimité de Marcel Pasche qui lui prêta son Blériot, devant une dizaine de témoins. Avenches lui dédia un monument en 1942.

René Grandjean, né le 12   novembre 1884 et mort le 14   avril 1963, a connu une existence plus heureuse et fut un génial inventeur. Pilote, il fut le premier à se poser sur un glacier, il adapta des flotteurs à son avion qu?il posa sur l?eau et construisit le premier avion militaire suisse.

Un chapitre est consacré à l?histoire de l?aérodrome d?Avenches qui ferma définitivement le 31   décembre 1921, les autorités militaires fédérales n?ayant pas autorisé une exploitation civile. Le hangar, édifié par la Confédération, fut démonté et reconstruit à Payerne (ce hangar double en bois est encore visible sur l?aérodrome de Payerne, en face de la halle 1). Déjà pendant la guerre de 1914-1918, les autorités fédérales voyaient d?un mauvais ?il et avaient suspendu les activités civiles à Avenches, malgré les protestations de la Municipalité.

Le livre de Philippe Cornaz nous apprend aussi l?existence d?une base aérienne secrète à Avenches, dissimulée sur le domaine du Haras fédéral, en bordure de l?Erbogne. Occupée de 1940 à 1941, elle abrita des escadrilles de Messerschmitt Me-109 E-3 et de Morane. On apporta un soin tout particulier de cette base située à quelques minutes de vol de la frontière française. Des plate-formes construites dans les sous-bois permettaient de cacher les avions à la vue des aviateurs allemands.

C?est dire si ces livres sont extrêmement bien documentés et illustrés, fruit de plus de dix ans de recherche. Ils apportent un éclairage inédit sur l?histoire de l?aviation tant en terre vaudoise qu?en Suisse romande. René Cusin

L?aviation vaudoiseetL?aviation en Suisse romandesont en vente aux Offices du tourisme de Payerne et d?Avenches, au Musée Clin d?Ailes à Payerne et chez l?auteur, tél. 021 653 36 19, e-mail philippecornaz@hotmail. com