Francine Lämmler veut cheminer aux côtés des étudiants du GYB

Pour la conversation, avec Francine Lämmler-Berger, il faut s?accrocher. L?espoir de recueillir dans un parfait alignement le récit de sa jeune vie est vite réduit à néant par de multiples escapades dans des directions inattendues. Sa générosité naturelle l?entraîne à sans cesse faire référence aux gens qu?elle a côtoyés, qui ont marqué son existence, qu?elle a écoutés et souvent appréciés.

Parce que son fil rouge à elle c?est l?être humain, qu?elle ne cherche pas à «convertir» comme elle dit, mais à accompagner, soutenir dans ce qu?il est.

L?absence du père

Au début, il y a eu sa jeunesse, aux Granges-de-Dompierre, dans une famille d?arboriculteurs, et ses classes à Dompierre, Lovatens puis Villarzel. Conseiller national, son père Jean-Pierre Berger est souvent en séance à Berne ou à Strasbourg, loin de la maison. Francine avoue que si ses trois frères ont bien vécu ces absences, elle pas. Il lui manquait. Mais, ajoute-t-elle, «lorsqu?il était à la maison il était bien là, on savait dans quelle direction il fallait marcher!». Une situation à laquelle elle attribue l?avantage d?avoir dû toute jeune prendre certaines responsabilités, avec le soutien et l?affection d?une maman attentionnée. «Si j?ai entrepris la formation de diacre, c?est aussi parce que mes parents m?ont apporté cette dimension spirituelle» conclut-elle à propos de son enfance.

La scolarité terminée, Francine Berger entreprend une formation de trois ans dans l?horticulture, à Chavannes-Renens. Ensuite, elle s?expatrie en Ligurie, au nord de l?Italie, dans une exploitation maraîchère et d?horticulture. «Avec une copine suisse, j?avoue qu?on faisait un peu du social. Les patrons n?étaient pas dans une situation florissante et on n?a pas touché notre salaire tous les mois, mais qu?est-ce qu?on a ri!»

Jeune fille «dans le vent»

Là-bas, ses patrons et collègues ne l?appellent pas Francine mais «Cespuglio». C?est le nom de ces buissons que le vent fait tourner dans les rues vides de villages reconstitués pour les westerns. Toujours en mouvement, la chevelure en bataille, la relation avec le «cespuglio» était tentante. Sauf que le vent ne l?entraîne pas où elle ne veut pas aller. On le comprendra à l?évocation de ses convictions.

Au retour d?Italie, elle travaille chez Addor à Payerne puis dans les serres de la ville de Lausanne. Elle y rencontre Erwin, qui deviendra son mari, puis c?est la naissance des quatre enfants, Samuel, Simon, Bartimée et Clémentine. Le retour dans la Broye passe par Prévonloup, avant l?achat d?une maison à Villars-Bramard.

Où les gens se sentent bien

Francine Lämmler s?engage avec une joyeuse détermination dans la vie paroissiale, y prend sa part de responsabilités, auprès des jeunes principalement. «Depuis que j?ai quitté le berceau, j?aime organiser des animations, des rencontres où les gens se sentent bien, je crois que c?est dans ma nature. » Une philosophie qui ne laisse pas indifférents le pasteur Vincent Guyaz de Dompierre et Max Blaser de Villarzel, alors président du Conseil de paroisse. Complices dans la démarche, ils proposent à la jeune paroissienne de suivre un séminaire théologique destiné à approfondir sa foi et lui aider à la transmettre autour d?elle. C?est le pied à l?étrier d?une formation de diacre qui porte sur trois ans et qu?elle est en voie d?achever.

Des tâches à mener de front

Dans le même temps, le bureau de poste de Villars-Bramard ferme. Eliane Fattebert, ancienne postière et Josette Michel, nouvelle responsable pour les villages de Dompierre, Cerniaz, Lovatens, Prévonloup et Villars, lui proposent la distribution du courrier à Dompierre. Les enfants deviennent grands, le travail se déroule en matinée, lorsqu?ils sont à l?école, Francine accepte.

«J?ai beaucoup apprécié la compréhension de Josette Michel à mon égard. J?avais mes cours de diacre à Lausanne le samedi toutes les deux semaines et elle m?a toujours arrangé» confie-t-elle dans un sentiment de reconnaissance.

Formation exigeante

La formation de diacre ne peut être entreprise sans avoir auparavant effectué au minimum un apprentissage, sanctionné par un CFC et deux ans de pratique. Francine Lämmler répond aux exigences. Les deux premières années d?acquisitions théoriques portent notamment sur la théologie en situation de vie et la théologie ministérielle. De nombreux travaux et évaluations jalonnent cette étape du parcours.

La dernière année est plus pratique et se passe généralement en institution. En qualité de diacre stagiaire, Francine Lämmler est donc rattachée au Gymnase broyard. «Les responsables du cours tiennent compte dans la mesure du possible des aspirations des candidats et comme je souhaitais travailler auprès des jeunes, je suis comblée» admet la candidate au ministère diaconal.

Elle va travailler aux côtés d?André Fischer, animateur de jeunesse, qui lui est à l?écoute des étudiants catholiques du Gymnase.

Elle est suivie dans son cheminement auprès des gymnasiens par le pasteur Christian Pittet, maître de stage et aumônier de jeunesse pour la Basse-Broye.

En outre, régulièrement durant cette année pratique, elle tirera le bilan de son engagement et de ses activités en compagnie du pasteur Pierre Glardon.

Quand elle parle de son travail à venir et du ministère diaconal qui l?attend, Francine Lämmler devient grave, soudain. Ça surprend.

«Mon but n?est pas de convertir, mais soutenir, accompagner l?autre dans ce qu?il est. Il y a des jeunes qui ne sont pas hors de la coquille, comme on dit et qui portent déjà un lourd fardeau» précise-t-elle.

Le bonheur de Dieu et des hommes

A l?évocation de son engagement dans l?Eglise, elle retrouve ses yeux rieurs. «Je crois au bonheur de Dieu et au bonheur des hommes. Il y a souvent dans les parcours de vie des gens, une pelote de n?uds à démêler. Seul, c?est parfois difficile d?y arriver. Si on se met ensemble pour démêler les n?uds, on va tous mieux. »

Ces jours-ci, Francine fait ses dernières tournées pour La Poste, à Dompierre. Elle a bien aimé cette tâche qui l?a mise quotidiennement en contact avec la population: «J?ai eu en particulier beaucoup de plaisir à fréquenter les aînés. J?aime bien partager un moment avec eux. Ils sont plus détachés que les jeunes des préoccupations existentielles. et savent aller à l?essentiel. »

Pour sa part, une habitante nous a avoué regretter ce départ: «Francine, c?est notre rayon de soleil quotidien. »

Un bel hommage rendu à un sourire devenu légendaire dans bien des chaumières.