Chasseurs nocturnes du sanglier toujours bredouilles

«Pour l’instant, le bilan n’est pas fameux, aucun sanglier n’ayant été abattu. Mais, sur la durée, je suis persuadé que l’opération peut porter ses fruits. Notamment en dehors des périodes officielles de chasse.» Depuis début septembre, Pierre Henrioux, garde-faune vaudois de la circonscription 6, allant d’Yverdon-les-Bains à Cudrefin, supervise la chasse nocturne au sanglier. Face aux réactions indignées suscitées par les battues et à l’augmentation constante de la population de cochons sauvages, le canton de Vaud a imaginé une nouvelle façon de réguler le cheptel en prolongeant les horaires de la chasse.


Jusqu’à 2?h du matin
Normalement, à cette période de l’année, la chasse doit se terminer à 20?h?30. Un horaire avancé par la suite, quand la nuit tombe plus vite. Désormais, un chasseur peut rester à l’affût de 21?h à 2?h du matin. «Il est possible d’intervenir uniquement sur une parcelle où le sanglier a commis des dégâts sur les secteurs de Chevroux et Cudrefin, qui ont été choisis pour cette campagne d’essai, valable une année. Pour l’instant, je n’ai pas encore eu vent de parcelles touchées à Chevroux et, comme les contraintes sont importantes, je n’ai pu organiser que quatre nuits de chasse à Cudrefin», poursuit le garde-faune.
Parmi les nombreuses normes fixées, le viseur nocturne ou la lampe infrarouge sont notamment interdits. Depuis son mirador, le chasseur doit identifier le sanglier en l’éclairant avec une puissante lampe de poche et le tirer à la carabine. «Je lui rappelle également qu’il est interdit de viser une laie avec ses petits et qu’on ne peut pas faire feu dans une zone de 200?mètres près des habitations, commente encore le garde-faune. Une fois que le chasseur a signé les documents stipulant qu’il a pris connaissance des règles, je préviens encore la police cantonale qu’il est possible que des coups de feu retentissent dans la région durant la nuit.»

Conditions difficiles pour les chasseurs
Des conditions qui n’ont pas découragé Vincent Hubert, chasseur chevronné, en position vendredi dernier. Parmi les quelque 35 candidats à cette chasse, annoncés auprès de Pierre Henrioux sur plus de 800 nemrods vaudois, il a été tiré au sort. Sans succès. «Pour tirer un sanglier avec toutes les conditions mises en place, il faudra beaucoup de chance. Ce d’autant plus que la chasse au sanglier de jour est ouverte, si bien que les bêtes ne vont pas revenir le soir après avoir déjà été traquées pendant la journée. Mais je trouve que c’est une bonne chose pour les chasseurs d’être associés à cette régulation.»
Des chasseurs qui doivent également apprendre un nouveau type de chasse. «On peut fermer l’œil un moment, mais l’oreille reste toujours attentive, détaille Vincent Hubert. Dans les bois ou dans le maïs, on entend le moindre bruit. Mais le souci est ensuite d’identifier formellement le sanglier.»
Une espèce dont la population explose dans la région. Les chiffres parlent ainsi d’eux-mêmes. L’an dernier, 203 sangliers ont été tués sur la rive sud vaudoise du lac de Neuchâtel, soit sous les balles des fusils, soit sur la route. En 2011, ils étaient 140 et à peine une centaine au début des années 2000. Les dégâts en francs causés sur les cultures agricoles suivent la même tendance, alors que les comptages effectués ce printemps par les surveillants de la faune prouvent que les colonies sont toujours plus nombreuses.


A revoir au printemps ou en été 2014
«Il faut absolument réguler cette espèce qui crée de nombreux dégâts et je pense que cette nouvelle mesure du canton permettra d’y arriver», conclut Pierre Henrioux. Si elle débute au cours d’un mois de septembre guère propice pour cela, elle pourrait porter ses fruits au printemps au moment des semis ou alors en été quand le maïs est en lait. A vérifier courant 2014!