Sous les pales, le hasard n’existe pas

A l’évocation de la base aérienne on pense surtout aux jets et plus rarement aux hélicoptères du Transport aérien. D’où l’occasion d’un reportage dans le terrain ou plutôt dans les airs avec l’équipe du Super Puma SAR (recherche et sauvetage) basée à Payerne plusieurs semaines par année. Immersion.
Dans les mythiques cabanons du camp Failloubaz, les cinq membres de l’équipage se réunissent pour élaborer cette mission. Le pilote et commandant d’escadrille Sébastien Bart, le second pilote Roger Widmer, l’opérateur FLIR (caméra thermique) Andri Spinas, l’assistant de vol et mécanicien aéronef Vincent Cantin, de Delley, et l’adjudant Pierre Muster, de Payerne, assistant en sauvetage aérien et instructeur au sein des troupes du Transport aérien.
«Le but d’aujourd’hui, c’est de s’entraîner. Nous allons faire du treuillage, puis il y aura la partie FLIR. Pierrot tu te planqueras dans la forêt et Andri devra te retrouver avec la caméra. Ensuite on filera un véhicule de l’armée avec le FLIR et retour à la base», indique le commandant. C’est maintenant l’analyse des risques: «Attention, nous allons dans le Jura, vers le Creux-du-Van, gare aux coups de vent. La météo est instable, il fera froid et nous serons six à bord, donc relativement lourds.» Je m’excuse déjà de ce surpoids…
L’équipe part, casque en main, en direction de la halle 2. «Ah, il faut qu’on te mette un harnais au cas où on devrait t’hélitreuiller», me glisse Vincent Cantin. Me voilà rassuré… «J’ai l’air d’un saucisson», lancé-je. «En bon Payernois, on dira un boutefas», rétorque Pierre… Sans commentaire…

La Chasse au trésor
En douceur et en roulant sur la piste, l’hélicoptère prend les airs. Vincent et Pierre sont concentrés et dans leur tête répètent leurs gestes dans un doux parfum de kérosène.
En moins de dix minutes, nous sommes sur les contreforts du Creux-du-Van. Le reporter est largué dans la neige de mai… «Descends un peu ce sera mieux pour les photos. Plus à droite, derrière la clôture», me lance Moogly de son hélico par radio. Un instant je me suis pris pour Philippe de Dieuleveult, souvenez-vous de la Chasse au trésor. Impressionnant, le Super Puma me fait face dans la falaise et la vue sur les trois lacs est juste magique.
Pierre Muster est hélitreuillé dans le précipice. Une rotation et il est récupéré. Ensuite, c’est à mon tour de reprendre place, tête baissée sous les énormes pales, dans la bête vrombissante. On remet le sauveteur dans le terrain et après une nouvelle rotation, histoire de brouiller les cartes, Andri doit le rechercher. Pas facile en plein jour avec une caméra thermique. Il est vite repéré et hélitreuillé une nouvelle fois. Les gestes sont sûrs et précis. Tout va vite et semble réglé comme du papier à musique. «L’improvisation n’est pas possible», glisse le pilote dans son micro.
Au retour sur Payerne, Andri piste ensuite un véhicule militaire. Avec son joystick et sa caméra mobile, il ne le quittera pas des yeux.
Au sol, les mécaniciens remettent directement en état la machine qui doit être prête à toute éventualité. Un petit débriefing sous les ordres de Sébastien Bart permet de voir que tout s’est déroulé comme prévu.
«Un magnifique travail d’équipe», ponctuai-je. «Oui, t’as tout compris. C’est ça notre travail. Pas de place au hasard. Nous devons être prêts à toute éventualité», rassure Moogly.